Elle fut inaugurée le vendredi 4 octobre 2019 dans les jardins des Champs-Élysées, juste derrière le Petit-Palais. L’œuvre offerte par l’artiste américain Jeff Koons à la Ville de Paris suite aux attentats de 2015 et 2016 ne fait pas l’unanimité.
L’œuvre
Cette œuvre fut proposée en novembre 2016 par l’ambassade américaine, comme un hommage aux victimes des attentats ayant endeuillé la capitale.
La statue en bronze est monumentale : 12,62 mètres de haut et 8,35 mètres de large, pesant 34 tonnes. Elle représente une main tenant un bouquet de tulipes. « Il y a seulement onze fleurs. La douzième symbolise la perte née des attentats », a déclaré Jeff Koons. Son bouquet évoque la main de la Statue de la Liberté brandissant la torche et le Bouquet de l’Amitié de Pablo Picasso.
« Je voulais faire un geste de soutien et d’amitié entre les peuples américain et français. Les fleurs sont universellement associées à l’optimisme, à la renaissance, à la vitalité de la nature et au cycle de vie. Elles symbolisent la vie qui continue. » (Jeff Koons)
Les polémiques
D’abord sur l’emplacement. Jeff Koons avait initialement souhaité qu’elle soit installée entre le musée d’art moderne et le Palais de Tokyo, un lieu fréquenté par les touristes. Mais il a fallu trouver un autre point de chute, en raison des nombreuses oppositions et pour des raisons techniques. Puis la Villette l’a rejetée, car elle était trop imposante. Un emplacement plus discret fut choisi, près du Petit-Palais et à quelques encablures de l’ambassade américaine.
Ensuite l’œuvre. Pour l’écrivaine Catherine Bertrand, survivante de l’attentat du Bataclan : « Pendant que certains peinent à survivre, nos vies sont brisées depuis quatre ans maintenant, on nous impose un bouquet de mini saucisses colorées pour le plus grand bonheur des multimillionnaires qui pourront déduire leurs généreux dons. » En effet, la production de l’œuvre a couté 3,5 millions d’euros. Coût à la charge non pas de la Ville de Paris, mais de mécènes (dont le patron de LVMH Bernard Arnault et celui de Free Xavier Niel), entreprises et donateurs, qui ont bénéficié d’une réduction d’impôt de 60%.
Une tribune intitulée « Non au « cadeau » de Jeff Koons » a été publiée en janvier 2018 par le journal Libération. Elle était signée par un collectif de personnalités de la culture (dont l’ancien ministre de la culture Frédéric Mitterrand). Elle démontait le projet. « Créateur brillant et inventif dans les années 1980, Jeff Koons est depuis devenu l’emblème d’un art industriel, spectaculaire et spéculatif. Son atelier et ses marchands sont aujourd’hui des multinationales de l’hyperluxe. »
Comble du malaise : la forme des tulipes livrées a été immédiatement associée à celle de saucisses ou, pire, d’anus tendus vers le ciel. Le philosophe Yves Michaud qualifiant l’œuvre de « Onze anus colorés montés sur tiges ».
Une œuvre appréciée des... oiseaux !
Mais un an après son installation, nouveau problème. Un passant déclare sur les réseaux sociaux que deux des doigts de la main qui tient le bouquet étaient déjà fissurés.
Les services de la Ville en charge du patrimoine et les équipes de Jeff Koons se rendent sur place. Ils inspectent la structure à l’aide d’une perche télescopique et d’une caméra. Résultat : il n’y a pas de fissure. « Ce sont bien des fientes d’oiseaux, claires et sombres, qui créent une illusion d’optique » a déclaré Mathieu Rousset-Perrier, conservateur du patrimoine en charge de la statuaire publique. Un nettoyage fut donc effectué.
Jeff Koons a prévu de reverser la totalité des revenus perçus au titre de ses droits d’auteur. 80% iront aux associations des familles de victimes des attentats. Les 20% restants doivent aller à la Ville de Paris pour la maintenance de l’œuvre.
Infos pratiques :
• Adresse : Avenue Edward Tuck – 75008 Paris
• Métro : Champs-Elysées Clemenceau (lignes 1 et 13) et Concorde (lignes 1, 8 et 12)